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Le Blog d’Anna Bruno
LE CHEMIN DE LA LIBÉRATION DANS LE NARCISSE ATTRIBUÉ À CARAVAGE
- 19/04/2024
- Posted by: Anna Bruno
- Category: art Art Éducation Contes de Fée. Mythes et l'Art
![](https://www.periegeta.it/wp-content/uploads/2024/04/Caravaggio_-_Narciso-840x430.jpg)
Un court voyage mais vraiment très passionnant, celui que j’ai choisi pour ma première vidéo-exploratrice (link au bout de cet article) dans le monde de l’Art. Un voyage à l’intérieur de Narcisse, un tableau attribué à l’artiste le plus discuté encore aujourd’hui, de la période entre les XVIe et XVIIe siècles: Michel-Ange Merisi, dit le Caravage. L’œuvre se trouve dans la Galerie d’Art Ancien du Palais Barberini.
Mais pourquoi ai-je choisi ce tableau? Ma réponse réside dans le protagoniste, métaphore d’une dynamique psychologique traitée par l’auteur d’une manière tout à fait singulière par rapport au troisième livre des Métamorphoses d’Ovide. Il semble que l’artiste nous donne un enseignement auquel, même après des siècles, notre culture actuelle du narcissisme – à caractère libéral et néolibéral – est appelée à s’abandonner pour se libérer de l’emprise de ses propres tentacules.
Déjà dans les années 1970, dans son merveilleux texte intitulé La culture du narcissisme (1979, et republié par l’Edition Climats – 2000), Christofer Lasch, historien et sociologue américain, dénonçait combien ce phénomène, répandu dans tous les secteurs de la société américaine, était utile pour garantir plus de solidité et renforcer l’image vorace de consommation et de production de l’Occident. Simplement en faisant de sorte que les individus apprennent à vivre dans le culte perpétuel de l’instant.
La dynamique bourreau-victime, même dans le contexte familial – une famille destinée à s’affranchir de la structure patriarcale du XIXe siècle pour devenir de plus en plus nucléaire et consommatrice – est apparue comme la plus forte pour accroître le niveau d’insécurité personnelle et sociale. Cela permettait d’augmenter le potentiel (mais pas nécessairement le pouvoir) d’achat et de production de la part des victimes et/ou des bourreaux. De façon individuelle, les personnes seraient amenées de manière totalement inconsciente à exaspérer leur besoin d’ériger un masque par rapport à l’altérité, et cela à partir déjà de l’adolescence pour le consolider progressivement jusqu’à la vieillesse. Un exercice qui aurait détourné à jamais n’importe qui de sa propre intériorité. Le vide intérieur qui aurait surgi provoquerait sans équivoque la maladie de la nature désirante de chacun, faisant que le désir personnel et collectif envers la matière devienne tergiversant, au point de devenir pervers et compulsif. Une forme d’addiction qui peut être surmontée (?) éventuellement grâce aux psychotropes. D’où la nécessaire perte d’empathie chez quelqu’un et la surcharge du même sentiment chez d’autres. Non pas que ceux qui ont été touchés par trop d’empathie soient exempts de narcissisme, bien au contraire… Même trop d’empathie a son côté narcissique. Tout cela était prévu et étudié par les « grands de la terre » d’aujourd’hui, à qui un tel déséquilibre émotionnel leur aurait certainement assuré des profits inimaginables.
Vous m’objecterez certainement que même à l’époque du Caravage, la culture narcissique régnait en maître dans le monde occidental. Et l’objection est sans faille. Ce n’est pas un hasard si le tableau que j’ai choisi traite de ce sujet. Mais à l’époque, il était surtout confiné aux mondes de haut rang: monde aristocratique et monde ecclésiastique, où le soin du masque était un modus pensandi, vivendi et operandi, pour pouvoir conserver un certain rôle aux yeux des autres, et donc pouvoir tromper et mieux utiliser ceux qui n’appartenaient pas à ce rang ou, s’ils l’avaient fait, démontraient qu’ils n’avaient pas “ce qu’il fallait”.
Quoi qu’il en soit, cette culture a aujourd’hui atteint des niveaux insoutenables, après avoir dressé tous contre tous ou mieux encore, chacun pour soi. Une culture de l’image qui vomit aujourd’hui toute son incohérence, comme cette image fugace du mythique Narcisse, reflétée dans l’eau, lui ôtant la possibilité de grandir émotionnellement en tant qu’homme ; le réduisant dans la géhenne d’une adolescence éternelle, en fuite perpétuelle devant la responsabilité de soi-même. Et pire encore, en perpétuelle dépendance de tout ce qui le maintient hors de lui: personne, groupe, institution, travail, argent, sport, alcool, drogues, etc.
Et donc, il semble même que notre enfant, Narcisse-Ouest, soit déjà tombé dans les eaux de la mare, tentant de résister à tout prix. Mais les eaux dangereuses l’aspirent déjà et le combat est dur. Son sort semble alors scellé: Narcisse-Ouest, tant sur le plan personnel que collectif, va devoir affronter la mort. Et comme la mort est de toute façon régénératrice, on se demande si la régénération de notre Narcisse-Occident continuera à suivre le chemin du Narcisse du troisième livre d’Ovide qui transforme le protagoniste en une fleur joyeuse mais vouée à la fugacité éternelle,
ou alors s’il parviendra à prendre conscience sur le chemin d’une transmutation pleine de lumière: de Nigredo à Rubedo, comme celle décrite par le pinceau de l’artiste, qui en termes de calibre d’âme – je le crois fermement – n’aurait pas pu être peint par aucun autre artiste de l’époque. Seul un esprit sì complexe comme celui du Caravage aurait pu le faire. Ce n’est pas un hasard si, (de haut en bas), le tableau à fond noir dans le registre supérieur de l’œuvre prend une patine rouge, flamme de la sagesse, dans le registre inférieur.
Pour étayer davantage l’attribution de l’oeuvre à l’artiste “meurtrier”, “maudit et épéiste” dans la vidéo, je vous propose un exercice de comparaison avec un autre tableau qui est de sa main sûre, la Madeleine pénitente (Gallerie Doria-Pamphilj, 1596-7, Rome). Je vous propose aussi qu’en m’écoutant, vous alliez encore plus loin, pour entrer dans une connexion fervente avec les temps modernes… parce que l’art est l’art lorsqu’il devient un message universel, traverse les siècles et enseigne toujours!…
Je vous laisse donc avec ma vidéo en vous demandant de vous inscrire à ma chaîne YouTube pour rester informé et de partager l’article afin de m’aider à donner de la visibilité à cet intense travail de recherche et d’étude interdisciplinaire en art. Je vous souhaite à tous un bon visionnage:
Anna Bruno
![](https://www.periegeta.it/wp-content/uploads/2024/04/10-Roma_1.jpg)